dimanche 2 décembre 2012

SRI LANKA









ANNURADAPURAH










Oxyde
Rouge
Lisse
La mare aux buffles
Plaque d’acier
Dur
Lotus violet


Fantômes de rues sans maisons
Vide
Le temps suspendu
Odeurs de mangue
De cury et de poisson salé
Pierres de guingois
Bassin en forme de fleur de lotus
Vide

Mains tendues des gamins
Fleurs de lotus en bouquets
Prière aux pieds du Bouddha
Tripes du banian
Bâtons d’encens

Et le vol des pélicans …
Les culs pelés des babouins …

Te souviens-tu ?











Soleil Soleil Soleil …
Le gong du soleil à midi
Tranches de citron dans le bol à punch
Flammes
Le mainate dans sa cage
Se tait


dimanche 5 août 2012

NAISSANCES


(Toile de Gérard Stricher)



                                           
Au grand soleil la grenade éclate
Rouge sang
Jaune la jonquille
L’or et le sable jaunes
Le sang d’un taureau sur le sable des arènes
Cape du matador

Coquelicot
La braise et le feu
Plume d’ara du Brésil
Bleu le manteau fleurdelisé des Rois de France
Bleus la mer et l’océan
Mais jaune la robe de l’Empereur de Chine
Safran curcuma orpiment

Les naissances ont toujours le goût du sang
Cri de victoire
Un univers nous est donné
Rouges la bougainvillée en fleurs
Et la bête à Bon Dieu
Aurores et crépuscules somptueux
La robe du cardinal est rouge
Un édit impérial sacre le fruit du citronnier
Bleus les voilages du firmament
La couronne du Roi est d’or fin
Le soleil aussi
Et l’oiseau des Canaries
Rouge le dolman des conquérants
Noir le velours de la nuit où brillent les étoiles
Blanche la voie lactée

Les naissances ont toujours le goût du sang
Vin rouge de la vie
Ah ! Qui nous rendra ce grand cri ?

                     (Texte inédit de Michel Savatier)



mardi 4 septembre 2007

SIGNATURE

Pêcheur d'archipels
D'étoiles et d'îles lointaines
Pêcheur de rires d'aigue-marine
De paroles et de chants perlés
Et d'éclairs jaillissant de l'arc tendu des Antilles
Pêcheur de prunelles dans les voies lactées
Pêcheur de lumières et pêcheur d'amitiés
Au Gulf Stream j'ai lancé le filet
Pêcheur de reflets et pêcheur d'illusions

Harponnés au défaut de la carapace
Deux ou trois îlots ont disparu dans les eaux troublées
Ma ligne perce l'océan
Comme un axe oblique et mouvant
Menant vers des formes incertaines

Cambré, reins à contre courant
Vibre le violon des illusions
Dans le miroir retrouvé mes cent visages
Pêcheur de vérités disparues
Pêcheur de couleurs, pêcheur d'amitiés
Mes visages surgissant
Mes cent visages au fil du temps
Et d'attente
Et d'espoir
De déception, de colère, de clinquant
Celui que tu m'as donné
Que je n'ai déjà plus
Celui que je voulais
Et tous ceux qu'il faudra bien me donner enfin
Que je ne connaîtrai pas

Pêcheur d'illusions, d'étoiles et de reflets
D'îlots, de tortues et de chants perlés
Pêcheur d'amitiés
Et de poissons jaillissant enflammés de l'arc tendu des Antilles
Pêcheur de lumières d'aigues-marines
Rocs durs
Galets roulés
Crissant
Jusqu'au consentement
Les étoiles
Dans ce flot, ce courant ...

GUADELOUPE

C'est une histoire d'amour
Acerbe créole
Nous ne pouvions que nous éprendre
Nous prendre et nous déprendre
Créole excessive
Rétive
Possessive
Terres griffées
Acérées
Toison râpeuse
Au vent des alisés
Onduleuse
Rocs bousculés
Ébènes veloutées
Luisantes
Chatoyantes
Fûts des gommiers
Érigés
Difficiles amours
Passionnées


Les champs incendiés
Soirs de mai
Amours brûlantes
Terres brûlées
Sentant le soufre
Le sucre vanillé


Flamboyants
Bougainvillées
Exacerbés
Et ce parfum de cannelle


Tambours
Tambours sourds
Des amours déchirées


Buissons crêpus
Cheveux tressés
Amante désirée
Ardente
Saccagée aux ouragans
Étreintes convulsées
Récifs brisés
Et les plages incandescentes
De cendres
Ou de métal coulé
Azurs versicolores
Révulsés


Amours déchirantes
Condamnées.

LES CONQUÉRANTS

Énigme
Femme
Épouse et mère
Amante
Et soeur et fille
Tehuantepec
Eldorado
L'Amérique à découvrir encore


Nous armerons des caravelles
Sur les flots de vin et de lies
Nous les emplirons d'étoiles
De perles et de verroteries


Nous armerons des caravelles
Qui reviendront chargées de lingots
De lingots et de doublons
A jeter par-dessus bord
Or argent et platine
Crabes ocellés
Dans la vasque de cristal
Sous les bannières déroulées
Des chaëtodons et des lutjans




Aurores de plumes d'aras
Oiseleurs
Des plaines d'Alaska
Flocons
Orchidées
Orchidées de diamants
Étincelant doucement


Femme
Au parfum de vanille
Et au cri du toucan
Au cri du toucan blessé
Par le dard éblouissant
Chairs tièdes
Velours aux troncs des gommiers
Cannelle
Fusées de sang
Apothéose écarlate
Cri d'amour
Du toucan agonisant


Nous armerons des caravelles
Qui reviendront chargées de jarres
De miel et d'ambroisie
Nous les viderons dans nos puits
Nos rivières et nos puits


Chanson ou bien folie ?
Nous jouerons au palet
Avec les galets d'or
Du Pérou et de Californie


Femme
L'Amérique à découvrir encore
Cargaison d'étoiles
De perles et de verroteries
Épouse et mère
Amante
Et soeur et fille
Énigme

jeudi 30 août 2007

LE BANIAN

C’est un figuier paraît-il ...
Justement il n’y paraît pas
Absolument pas
Et surtout il ne donne pas de figues


Tout d’abord on ne s’aperçoit même pas qu’il est là
Une graine germe
Apportée par un oiseau
A l’aisselle humide de la branche
D’un arbre quelconque


Le banian commence par coloniser son support
Tout vivant
Silencieux il lance une racine
Puis une autre
O ! des racines très grêles pour débuter
Et d’ailleurs il ne les allonge que lorsque vous battez des paupières
Puis elles font des enroulements
Des cascades de racines comme des noeuds de serpents
Des serpents qui se révèlent appartenir aux plus grosses espèces
Serpents pythons anacondas ou boas constrictors
Ou bien ce sont les tentacules d’ignobles mollusques
immobiles
Immobiles croyez-vous ?








Une ou deux tiges ont poussé
Autres feuilles discrètes
A peine les distingue-t-on
Le banian s’installe
On ne le délogera plus
Il phagocytera son tuteur
L’étouffera
L’étranglera
On l’appelle aussi le figuier étrangleur !


Silencieusement
Lentement ...
Lentement ?
A quelle échelle du temps ?


Cachez vos yeux
Comptez
Comptez ...
Vous pouvez vous retourner maintenant
Pendant que vous comptiez le banian
a lancé une lourde branche à l’horizontale
Comptez encore
Il en a profité pour lancer de la branche vers le sol
une tresse de racines adventives
Souples d’abord comme des câbles
Puis elles deviennent des troncs nouveaux














Vous pourriez tout aussi bien
Vous retrouver au milieu d’un bosquet
Si vous restiez là assez longtemps
Le banian élargit son emprise
Il étouffera votre maison
Ou la tour d’un palais


Figuier de l’Inde
Rien à voir avec le figuier de Barbarie


Les invasions barbares ?
Le fruit des ficus est un sycone
Rien à voir avec les sycomores
Dont on ne sait pas pourquoi ils portent ce nom
Apparemment ils l’ont volé sans raison


On appelait sycophantes dans la Grèce antique
Les marchands indélicats qui cachaient des figues
au-milieu des paniers de raisins
Je ne sais pas s’il faut parler des sicaires, ils n’ont pas le i grec
Ce sont aussi des assassins
Ils emploient seulement d’autres méthodes.



12.07.07